St Pierre et Miquelon, du homard, encore du homard !

Ces îles, on en rêvait ! Iles qui faisaient trembler les chaumières bretonnes au temps de la grande pêche. Iles dont les quelques anciens Terre Neuvas de Saint Malo, Loguivy ou même Douarnenez se remémorent encore l’ambiance chaleureuse de ses bistrots et la générosité de ses habitants. Petit déjà, j entendait ces rudes gaillards au comptoir du bar de la pointe ou encore aux Quatre vents de L Aber Wrach nous conter leurs histoires terrifiantes de tempête de neige au milieu des icebergs. Leurs campagnes de pêche à la morue incroyables ! De temps en temps, certain d’entre eux évoquaient discrètement leurs souvenirs de bringue à Saint Pierre, moment de réconfort ultime et nécessaire au marin loin des siens.
Car Saint Pierre, est bien plus qu’une escale, « c’est un endroit difficile à quitter ! » nous confiait Alain Brillu (skipper du chanteur « Renaud » pendant 20 ans) que nous avions rencontré en Martinique.
Nous ne pouvions donc pas manquer un tel rendez-vous, d’autant que Saint Pierre devait être notre dernière étape avant le retour dans notre petit bocal français, parmi tous les grincheux du vieux continent qui ne se rendent pas compte du luxe dans lequel ils vivent au quotidien !
Et assurément, Saint Pierre nous a réservée un accueil à la hauteur de sa réputation !
A peine accosté, Manu et l’équipe du club de voile nous mettent au parfum : ici vous êtes à Saint Pierre comme chez vous, ici c’est la France, la bonne bouffe, les grands vins et un sacré caractère d’îlien comme on le fait chez vous en Bretagne !
Et effectivement, on s’est de suite senti à la maison ! Le premier matin, les petits pains et les croissants chauds attendaient notre réveil dans la descente et le soir les amis pêcheurs nous déposaient quelques homards ou des petits maquereaux !!! Tout simplement succulents !
Saint Pierre est peuplée pour un tiers de Bretons, un tiers de Basques et un tiers de Normands ! On y rencontre pas mal de jeunes en mal d’aventure, de découverte. On y retrouve des amis bretons qui n’ont jamais pu en repartir, certains douarnenistes bien connus y ayant même fondé une petite famille…
Car tout ici invite à rester : dame nature s’expose au bout de la rue ! Saint Pierre n’a qu’une route de cinq kilomètres entourée de landes bordées de petits lacs d’altitudes. Partout nichent rapaces et oiseaux marins, renards et chevreuils, que la présence humaine ne trouble point. L’île n’est peuplée que de six mille habitants qui vivent depuis quelques siècles en parfaite harmonie avec les ressources naturelles…Ce sont les Basques qui l’ont abordée en premier, poussés toujours plus loin par les bancs de cétacés, découvrant ainsi le nouveau continent bien avant Christophe Colomb ! L’expérience cruelle de l’extinction des baleines puis des morues à semble-t-il porté ses fruits ! Miquelon est à ce titre un des endroits les mieux préservé que l’on ait vu de notre voyage, immense (40 km de long), peuplée d’à peine plus de 500 personnes, elle présente une multitude de facettes : des grandes dunes séparant des étangs marins comme aux îles de la Madeleine. Un Cap, ressemblant au cap de la Chèvre chez nous dans l’ouest Breton, et des haut plateaux sur Langlade ou n’existe pas de sentier, une jungle tout juste praticable en été !
Cette nature il faudra revenir la découvrir en hiver, en raquettes quand les îles se couvrent de 2 mètres de neige au plus fort de l’hiver. Nous reviendrons vivre les fameuses tempêtes de poudrin (sorte de bruine gelée par – 20°C), c’est promis !
Nous reviendrons savourer les joues de morue de chez José, patron du bar Basque TxeTxo. Nous reviendrons partager les plats de crustacés gigantesques de notre ami Jean, le vétérinaire breton ! Peut être même y travaillerons nous un jour, si l’occasion se présente…
Lorsque j’écris ces lignes, je suis dans mon petit appartement rennais, la bruine étouffe la ville, il fait 12 degrés en plein décembre ! Saint Pierre me revient en pleine figure, ainsi que tout notre voyage d’ailleurs ! Cette île occupe une place toute particulière dans mon cœur, tout comme les Saintes d’ailleurs!
J’ai ressenti sur ces deux îles un bien être intense, comme si j’y avais déjà résidé en d’autre temps, d’autres vies ? Je crois que je pourrais m’y établir sans problème.
Je suis donc dans mon bocal rennais, le Lick Samba sèche ses jupons sur un terre plein brestois et les potes ont retrouvé leurs internats respectifs… Je regarde sur le web les nouvelles de Saint Pierre, mon album d’Anita Conti affiche ses photos de la grande pêche au milieu du salon. Cette petite île et ses habitants au grand cœur valaient bien un voyage de 15 000 milles ? Nous y retournerons, c’est tout !

PIERRE