Descente en Patagonie
Le 12/05/2007 à 23h03 (heure française)
54º48' S 68º 18 W
Shekin V
10 avril 2007 : nouvelle séparation. Alors que Pierre, Rose sa maman et notre Lick Samba remontent de Fortaleza aux Antilles, avec Guillaume nous descendons sur Buenos Aires une nouvelle fois. Là, nous avons rendez vous avec Alain, le papa de Guillaume pour une nouvelle aventure : La découverte de la Patagonie en bateau…
11 avril 2007 : après une solide parilla (grillades argentine) pour fêter nos retrouvailles. Un rapide détour à la Boca. Quartier très touristique dont ses anciennes maisons colorées, peinturlurées de trompe l’œil, rempli de danseurs de Tango et de faux Maradona, ses restaurants et ses vendeurs de souvenirs, s’organisent pour éveiller tous nos sens. Pressés comme des météorites enflammés d’une courte démonstration de tango matinal, nous filons vers la gare routière pour un long voyage. 18 heures de bus, jusqu’à Rio Quequen où nous attend SHEKIN V et YANN son capitaine.
12 avril 2007 accueilli par Mariano le responsable du club nautique étonnement baptisé Vito Dumas, vétuste comme une serpière humide et froide, il sut d’une allumette éclairer cette excellent soirée de retrouvaille avec Yann autour d’un nouvel asado et par sa gentillesse la réchauffer.
13 avril 2007. Première prise de contact avec Shekin. C est un Damien II, bateau issus de l’imagination de deux navigateurs incroyables Jérôme Poncet et Gérard Janichon. (Lire : 55 000 milles de défis aux océans » ça fait rêver !) Une coque élancée se prolongeant comme il se doit par un bout dehors bien armé. L’aspect de par sa construction en acier en fait un bateau de voyage, titre qu’il revendique. Le gréement est assez complexe avec ses deux mats goélettes portant depuis l’avant un yankee sur enrouleur au point d amure si élevé que ses écoutes fauchent et cinglent celui qui les approche lors de manœuvres. Une trinquette sur enrouleur aussi, fidèle et si nécessaire dans les vents contraires. Un fischerman que nous dégréons pour son fardage inutile dans le sud, une voile d’étai très active au portant et une grand voile dont nous reparlerons. Le plan de pont très dégagé offre un roof parfois un peu acrobatique mais la multitude des gréements tend la main au marin et le berce de ses hurlements dans le vent ! Le cockpit profond est très sécurisant. Le carré surélevé nous permettra de faire nos quarts à l abri .Ceux qui naviguent comprendrons l intérêt de ce type de carré : voir la mer, les voiles assis bien au chaud. La cuisine sur le coté tribord séparée du carré par une très astucieuse rampe amovible que l on retire au mouillage et permet quelque soit l état de la mer de faire des petits plats sympas ; puis l atelier de Yann et son établi. Il s en suit une double bannette séparée de la chambre du capitaine par le puit de dérive, celle ci plongeant à 3,50m sous la flottaison et une cabine avant, un cabinet de toilette et des WC périlleux par gros temps et grande marée ! Tout en avant un local étanche de rangement
Vous dire l essentiel, ç est un Damien, en acier, long de 15 mètres mais surtout déplaçant 20 tonnes.
L’avitaillement dans un super marché du coin vide de clients à cette heure matinale. A nous charcuteries, gâteaux provisions divers pour tenir le coup en cas : en cas de quoi d’ailleurs ! Sans doute de coup de gourmandise. Après, une dernière douche chaude nous levons l’ancre.
Pour les quatre marins du bord ce voyage dans le grand sud est notre première expérience, tout aussi chargée d’émotion que de doutes et d inquiétude ; nous y allons fièrement mais sur la pointe des pieds ; Seul Yann connaît le bateau dont la solidité est reconnue mais les performances notamment au près sont une source d’inquiétude. Cela tombe très bien car le départ s effectue du club Vito Dumas, navigateur reconnu mais dont le nom n’est jamais prononcé, jamais au risque d’appeler « la mala racha, o el mal augurio » comme ils disent ici !! Et nous partons un vendredi, et un 13 pour bien faire les choses !!!
A la sortie du port nous sommes salués par une famille de lions de mer, affalés de tout leur poids le long de jeté, rôtissant au soleil dans une température d’automne. Cap au 210, vitesse 7 nœuds donc correct ; notre route doit nous conduire à Puerto Madryn 420 milles dans le sud ouest
Le spectacle est magnifique pendant toute la descente, les levers de soleil succèdent aux couchers dans des couleurs pourpres enflammées et les nuits étoilées sont d une clarté extraordinaires, il faut un jour voir les ciels en mer, loin de la pollution des villes pour s’en émerveiller ;
Dans la journée le ballet incessant des milliers d oiseaux est stupéfiant :les pétrels, les manchots, des sternes, des puffins, des goélands, et ces magnifiques albatros qui veillent sur nous avec la ferme intention si nous tombons à l eau de s occuper de nous !(sans rire nous avons rencontré un groupe de pécheurs ,victimes d un malheureux accident de mer ou l un d eux ,tombé à l eau avant d être récupéré a été totalement défiguré par des albatros).cela nous décidera à nous attacher avec un harnais, sur une bouée autogonflante , équipée d une flash light pour toute manœuvre sur le pont dans le vent fort et en tout temps ,la nuit .
Quelques dauphins de comerson, blanc et noir nous accompagnent ici ou la, la mer vire du bleu profond le plus dense existant à celui translucide mer du sud, en fonction de l heure et nous faisons notre chemin à la moyenne de150 nautiques par jour
La route étant longue, nous décidâmes, le Shekin filant, de laisser Puerto Madrynn pour descendre plus Sud .un arrêt aurait rallongé la route d au moins 60 a 80 nautiques et le baromètre était stable
L un des rares port sur notre trajet est Puerto Deseado, port de pèche très actif et dont l entrée est réputée difficile. Son entrée étroite charrie la marée d une vaste superficie d arrière pays ou se logent des colonies de manchots, de cormorans gris uniques et de lions de mer.
La vue du port en fin de matinée, dans un vent d au moins 30 nœuds, nous conduit à un amerrissage en prudence .Et pourtant, une défaillance inconnue du GPS, d environ 200 mètres de l ouest vers l EST nous pousse à la faute et nous fait gratter le fond pendant quelques secondes qui nous parurent un siècle ? Nous allions vite, le courant nous poussant et par un signe du destin Yann venait de libérer la dérive de son agrafe qui, verrouillée aurait pu nous être mortelle ! La quille aura pu, ainsi libérée se soulever sans de gros dommages.
Nous avons pu nous mettre à couple d un chalutier de 50 mètres au quai, dont la sympathie rapidement conquise nous sera précieuse pendant les quatre jours d’escales en attendant une fenêtre météo.
Nous passions de longs moments sur Internet à la recherche de cette fenêtre météo, sans pour autant vouloir forcer le destin ; hélas les vents contraires pour le passage du détroit de Le Maire qui était notre dévolue, se succédaient dans les prévisions de jours en jours d Ouest, Sud-ouest jusqu à ce que nous trouvions une lisibilité que nous pensions favorable à 4 jours avec une bascule étroite mais nette de Sud-est pour une douzaine d’heures.
Résumons : il y a environ trois jours plein de mer sans abri possible avant d arriver devant ce que nous appelons un passage à niveau ç est à dire une zone pouvant être très hostile par des éléments contraires de vent, de courants, de mer .Dans ces endroits, vous pouvez rester bloqués des jours sans progresser .l essentiel du temps, le climat y est hostile, mais parfois on peut y rencontrer « un temps de demoiselle «
Qu auriez vous fait ? Lorsque vous réunissez un équipage vaillant et conquérant, impatient aussi (gros défaut pour un équipage) et qui rêve, non pas d’en découdre, mais de passer de l autre coté ou loge l objet du désir : les canaux de Patagonie.
La fenêtre était courte, l escale sans autre chaleur que la douche, la bienveillance de l équipage des bateaux de pèche à bord duquel nous avons déjeuné et, qui nous ont offert des calamars superbes, du poisson, et des crevettes avant le départ.
Elle nous semblait ouverte, cette fenêtre enfin presque à nous tous car Yann acquiesçait du bout des lèvres probablement plus par soucis de voir nos rêves aboutir que par son sens marin et animal qui reniflaient visiblement quelques ornières .
Le dimanche 22 vers 8 heures du matin nous quittâmes Puerto deseado que nos cœurs en silence dénommaient Puerto desolados pour le LE MAIRE !
A nous le sud, les 50ª et USHUAIA !!
Un début favorable avec un bon bateau, courageux et un vent stable, pesant toujours au moins 10 à 15 nœuds de plus que prévu et un baromètre dont on surveillait le pouls comme celui d un nouveau né, qui baissait régulièrement et rapidement : de 1011 à 993 hPa en 24 heures dont une chute de six hPa en 5 heures ;
La mer ne cessait de forcir, le vent de SW nous conduisait à subir l’important fecht de la baie de Baya Grande, par 51 sud, le vent régulier forcissait régulièrement, et les secousses rendaient la préparation du diner moins gastronomique que les soirs précédents ;
Et malheureusement, vers 20h le 26 mai, à l heure du coucher du soleil, la grand voile s’est déchirée dans une mer forte, alors que nous progressions au près .Nous venions d’être bien secoué par une probable déferlante.
Elle avait deux ris …vite ; tout le monde s’équipe en sécurité et monte sur le pont pour la ferler et même la retirer, pour la remplacer par une voile de secours que nous avons, en bon équipage, pu rapidement envoyer malgré un vent fort ; l’horizon rougissait de nos émotions et un grain de nuages noirs s‘avançait en nous dévisageant : il avait clairement rendez vous avec nous.
L inconvénient de notre voile de secours étant qu’elle n était pas préparée à recevoir plus d’un ris (le ris en bateau est une série complexe de petits bouts qui permet de réduire la surface de la voile en naviguant dans des vents forts, ainsi il devient possible de faire route avec une voile réduite du quart ou de la moitié) et il fallut prendre la décision de la ferler et donc d’abattre et de partir en fuite vers le nord.
Cruelle amertume, leçon de navigation, prudence raisonnable, un manque réel de temps pour un parcours nécessitant des conditions météo très favorables. Alors, ce demi-tour : Un signe probable que nous interprétions du destin, allez savoir pourquoi ! Vito Dumas, vendredi 13 ?
Dans notre fuite et remontée vers des latitudes plus clémentes, nous avons toute de même pris le temps d’un arrêt et goûter probablement à ce que sont les mouillages dans les canaux de patagonie. Dans un temps frais et même glacé, c’est au petit matin que nous découvrons « Caleta Hornos ». Une anse protégée, véritable écrin de tranquillité. Une baie de rochers s’élevant en falaise ou une anfractuosité abrite un petit aber se terminant par une lagune ou des dizaines d espèces d’oiseaux nichent dans la tranquillité :des cormorans ,des espèces de canards vapeurs ,des grèbes, quelques tètes curieuses mais très timides, ont signalées leur présence à notre arrivée : les guanacos ,familles de lamas sauvages vivent là dans un désert de pierre et petits arbustes et graminées semés dans une paysage escarpé .
Ce fut un plaisir extraordinaire d’accompagner YANN le chasseur Africain à les pister pour les approcher ; ils sentaient notre vent à quelques centaines de mètres, et devaient se régaler de notre absence de douche depuis quelques jours ; ils vivent en petits troupeaux de six à quinze bêtes confiants à l’un des leurs la surveillance du groupe ; leur cris d’indiens, leur émotion dans l’inquiétude de notre approche, sont de vrai régal.
Cette petite journée de calme nous aura permis un bon repos, de faire le point sur la suite du voyage et surtout avec Guillaume nous avons enfin appris la godille… cap sur puerto Madryn, c est là que nous laisserons, trois jour plus tard Yann et le Shekin pour une virée à Ushuaia ;
20 heures de bus, une halte dans une ville et un décollage de nuit pour Ushuaia, partie s endormir sans nous attendre.
C est au matin, qu on réalise, Ushuaia…Jamais nom ne m avait autant attiré. Ca fait 2 ans qu on rêve de venir ici !!Et depuis notre départ de Lorient, il y a maintenant plus de 6 mois, tous les matins au réveil l objectif était de se rapprocher de cette ville du bout du monde !! Ca y est….Evidemment, et hélas, ce n est pas l arrivé triomphale sur le Lick Samba… Ce fut donc notre première visite dans cette ville : le port, aller saluer les braves qui y sont parvenus… Quelques bateaux, des français pour la plupart , qui séjournent depuis des années ici ,conçus pour ces mers difficiles, des bateaux en alu ou en acier, triomphants sous leurs cheminées inhabituelles à l oeil. Tout y est massif, fait pour résister, jusqu a mettre des volets en acier pour pouvoir occulter les capots en cas de très grosse mer ! Mais il faut aussi avouer que ces « tanks » de mer s aventurent jusqu en Antarctique, en passant le détroit de Drake, le fameux….Qui nous laisse sacrement rêveur, d ailleurs !! On reviendra je vous dis !
Et après le port ? Le ski bien sur !!C est ça, Ushuaia, se réveiller un matin, par un soleil rayonnant et ne plus savoir si l’on se trouve à la montagne ou au bord de la mer. Génial ! Une petite marche, et au pied de la piste de ski où la neige est nouvellement apparue, ce jour férié de premier mai avait donné rendez vous aux jeunes Argentins.
Le tire fesse étant encore fermé, ils méritaient vraiment leur descente ! Pour nous, bagarres permanentes comme 3 ados, et montée jusqu’au possible en botte de bateau : à éviter ! Le retour sera trempé mais heureux !.
Soirée sympa dans un pub surchauffé où ce soir là devant une très courte assistance quelques spécialistes locaux devisaient sur le ….réchauffement climatique !! Chaud, chaud !!
Le lendemain, papa nous amena à peine réveillés à l’aéroclub pour survoler la région une heure, durant laquelle et la montagne blanche de neige, et les arbres roussis de l’automne, et les lacs de montagne et le canal de Beagle nous ont époustouflés .Magique, magnifique. Un dédale de beauté qui semble nous appeler à l’explorer …On reviendra !
Une belle balade le 3 mai dans le parc entre mer montagne et campagne, au milieu d’oiseaux, de centaines de lapins pas farouches du tout, même devant les yeux assassins de Shubb, des couleurs québecquoises à l’automne, les barrages des castors que nous n arriverons pas a voir (ils hibernent ?) bref encore du bonheur, décidément !
Mais les embûches sont nombreuses pour les petits piétons que nous sommes : la tiédeur des rapports argentino chiliens ne nous permettent pas de traverser pour voir les glaciers qui sont inaccessibles du cote argentin : pas de routes, mais de grosses montagnes !
Ainsi s achèvera une tentative de descente en Patagonie en voilier. Echec de navigation, mais formidable expérience de mer sur un magnifique et vrai bateau de voyage avec un super équipage : Merci Yann, merci papa, on est heureux… Et on reviendra !
Alain, dit Papa, Gildas et Guillaume
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guillaume |
le 14/05/2007 à 23h33 |
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Après le froid, c est à Sainte Lucie, aux Antilles, que l équipage se retrouve au chaud!!Ca fait du bien de savoir qu on peut plonger sans finir congelés!Et de se retrouver sur notre bon Lick Samba, aussi...
Donc les aventures vont continuer, avec vous! On a hate de lire vos messages et de voir vos oeuvres!
A bientot, gros bisous |
chcquimper |
le 21/05/2007 à 13h45 |
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Lick Samba, haut les bras
Lick Samba, je le vois
Son équipage et ses grandes voiles
Font du tapage dans les étoiles
Quand on rêve d'un pied à terre
une pause très brève entre partenaires.
Lick Samba, tout là-bas
Lick Samba, on te voit
Ce beau bateau vogue sur les flots.
Une amitié qui doit durer
Lick Samba reviens-tu ?
Pas à pas, "in-rompu"
Audrey |
chcquimper |
le 21/05/2007 à 14h23 |
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Bonjour,
C'est une journée dégoulinante, un jour de mai qui au réveil s'est habillé d'automne. On frisonne dans nos sandalettes. Notre concours de poésies est terminé, après un président, dans le service on vote pour des poètes.
C'est sympa que vous soyez tous à nouveau réunis.Je vous souhaite de belles aventures aux Antilles, j'espère aussi que vous rencontrerez des enfants et que vous nous ferez partager leur vécu.
Amitiés
Françoise |
guillaume |
le 26/05/2007 à 18h09 |
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Mais vous parlez tous en vers! C est genial de lire vos poemes!On aimerait bien en lire d autres! Comme on a bien le coeur Grenadine, en ce moment, ça tombe bien!Et effectivement, Audrey, c est vraiment pas à pas qu on va faire le retour, un jour..!
Merci de votre soutient, a bientot!
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hopsaintbrieuc |
le 29/05/2007 à 10h59 |
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bonjour!!!
j'espere que votre voyage se passe bien,vous avez baucoup de courage
de partir comme sa,je vous souhaite de passer de bon moment en Amérique et bon voyage!!!
aurevoir.... |
hopsaintbrieuc |
le 29/05/2007 à 11h04 |
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bonjour
j'espère que votre voyage se passe bien;j'espère que vous avez pas un m
mauvaistemps comme nos bonne continuation .
Au revoir
Marine |
hopsaintbrieuc |
le 04/06/2007 à 10h52 |
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bonjour jespere que vous allez bien qu il fait beau qu il pleut pas comme noun defois vos fotos et vos texte sont tres bien je vous laisse aurevoir |
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