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L'equipage au complet!

Le 09/11/2006 à 12h58 (heure française)
38°40’ Nord et 9° 18’ Ouest

38°40’ Nord et 9° 18’ Ouest. Position du Lick Samba à son arrivée à Lisbonne le dimanche 5 novembre. Une escale bien méritée après une semaine de mer au large,et après cette tempête devant le Cap Finisterre. Ces conditions de navigation, cependant nous ont appris énormément sur le bateau, ses réactions, ses bruits, sa gîte maximum. Quand et comment réduire les voiles en fonction du vent et de la mer qui forcissent. Les points faibles du bateau à vérifier constamment… Malheureusement pendant cette semaine, il y a eu également beaucoup de casse. Et il faut maintenant réparer.
Réparer vite et bien car pour être de l’autre coté, au Brésil avant mi-décembre on ne pourra pas traîner. Tout commence par un rangement séchage du bateau. Un énorme capharnaüm envahit le pont du Lick : couettes, matelas, traversins, vestes, salopettes, serviettes…Ce grand déballage amuse les promeneurs du dimanche portugais !. Il y en a même un qui nous demande s’il a plu à l’intérieur du bateau !!? Une fois rangé, l’état des lieux peut commencer. Je démonte la colonne de barre. Vingt minutes pour la monter avec la force du désespoir, 3 heures pour la démonter. ( au moins elle était bien fixée..). Pierre, lui, examine les autres mécanismes de transmissions de notre direction. Résultats, tout est fatigué, usé, et desserré. Il nous faut attendre Guillaume pour remplacer les pièces brisées. Lui à Brest se démène pour commander les pièces en urgence, les obtenir et même les usiner. Nous profitons du laps de temps pour nous occuper du bateau, refaire le haubanage de l’éolienne, repenser notre établi dont les tiroirs s’ouvraient à la gîte… Nous sympathisons avec nos voisins. Une famille : Félix, Rachèle et Loïc 9 ans voyageant sur un superbe bateau revenant de la Mer du Nord et retournant aux Antilles tranquillement par Madère et le Cap Vert. Loïc est en CM2 et suit les cours par le CNED, une réussite entre deux coups d‘épuisettes !! Nous arriverons tout de même à abandonner le bateau une journée pour se balader dans Lisbonne. Ville merveilleuse.

Mercredi 8 Novembre,
voilà une tête connue qui arrive au bout du ponton chargée comme une mule. Notre pote Grib. Génial, enfin tous les trois. Excité de redécouvrir le bateau et de savoir si les pièces importées iront à leur emplacement, on s’embrasse, on déballe tout, faisons un tour rapide du bateau et comparons les pièces. Grand désappointement! Problème de filetages, problème de tailles, problèmes d’écartement. Les pièces ne sont pas identiques et il va nous falloir les retravailler avec les moyens du bord !Exactement! C‘est donc avec une lime que nous allons à tour de rôle pendant 4 heures rajuster la profondeur de l’espace où s’emboîte la clavette de la mèche de safran. Il nous faudra moins de temps pour raccourcir à la scie à métaux les cotes de la pièce fixée à la colonne de barre. Malheureusement malgré toute la bonne volonté et l’huile de coude nécessaires on ne pourra adapter cette dernière. Il faudra faire appel à un professionnel.

Jeudi 9 Novembre,
il est 22 heures et nous repartons. Cette fois direction les Canaries. On espère ainsi gagner du temps en évitant Madère. Descendre le plus directement sur le Cap Vert. Nous sortons avec le courant du Tage on file tout de même à 8 nœuds. Les dernières lumières de Lisbonne disparaîtront ainsi deux heures plus tard. Retour à la navigation hauturière. Dans cette Mer agitée, le cap est donné par les étoiles, plus fiables que notre boussole bousculée par la houle. Le ciel est magnifique, et les nuits passant, il est de plus en plus impressionnant et profond. La Lune ne se levant que tard dans la nuit, nous avons 5 heures pour observer la Voie Lactée, tenter de reconnaître les constellations.(utile pour faire le point au sextant…) et apprécier les multiples étoiles filantes. On observe la magie de la Grande Ourse tournant autour de l’étoile polaire, disparaissant sous l’horizon et réapparaissant avec le lever de lune, tout aussi magique avec sa couleur bordeaux.

Samedi 11 novembre,
l’Armistice. Pour nous aussi !! la mer est calme, le vent est régulier, les cargos ont disparu, le soleil brille, les pilotes marchent et même barrer devient un jeu d’enfant. Allongé sur les coffres arrières entre les enceintes, le pied coincé dans la barre à roue. Donnant alternativement un coup à bâbord puis un coup à tribord pour garder le soleil dans l’axe de la GV, suffisamment pour ne pas être dans l’ombre !! La mer semble être drôlement réchauffée, d’une couleur argentique dans le golfe de Gascogne, elle est devenue bleu claire. Pierre roule le génois pour ralentir le bateau, Guillaume attache un bout au pataras, et se jette à l’eau. Aucun frisson, elle est chaude !!! On s’y jette tous, traînés par le bateau au dessus de 4000 mètres de fond c‘est incroyable. Les vacances commencent pour nous !! Avec un masque je vérifie l’état de notre coque. En apnée je m’accroche au safran puis m’avançant, m’agrippe à l’hélice. Les anodes sont là, rien n’a bougé et la coque est propre ; bonne nouvelle.
Les bonnes nouvelles ne vont hélas pas continuer, le lendemain, c est le câble de notre antenne de téléphone qui ne marche plus et ça sans aucune explication et avertissement. Nous aurons beau nous escrimer chacun notre tour pour la refaire marcher, rien n’y fera . Nous sommes donc sans moyen de communication avec la terre. Les pièces de la colonne de barre continuent de glisser et prennent de plus en plus de jeu. Pas d‘urgence mais faudra faire quelque chose aux Canaries. Nos batteries ne semblent plus tenir la charge et se fatiguent de plus en plus vite, malgré la mise en place de notre « Hydrogen » (équivalent d’une éolienne traînée dans l’eau). Heureusement, le spectacle autour de nous est magnifique et rempli de surprises. Cette baleine, était-ce une parade amoureuse ou de la curiosité, sautant hors de l’eau laissant admirer son ventre blanc, retombant de tout son poids dans de superbes et énormes gerbes. Ces dauphins venant jouer dans l’étrave. Et ce dauphin dansant curieusement autour du bateau. Complètement indiscret, il saute à la verticale, la tête incliné vers le bateau pour voir ce que nous fabriquons dans le cockpit…Les couchers de soleil, les étoiles…
Nous sommes tous les trois, le bateau marche, avance admirablement bien et vite et nous arriveront à la Graciosa normalement demain. Et vu la petite houle qui nous porte, il risque bien d’y avoir du surf à terre…

à suivre…
Gildas

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